Après une réunion publique le 8 novembre qui a réuni une quarantaine de personnes, le CRAM 42 (nouveau collectif anti-militariste) a organisé une manifestation à St Étienne le 11 novembre, pour protester contre les guerres, ceux qui les provoquent et ceux qui en profitent.
Le 11 novembre est la date de la fin officielle du massacre de la première guerre mondiale : environ 12 millions de personnes y ont été tuées. Des morts qui ont avant tout servi les intérêts des États et de nombreuses entreprises qui ont engrangé des bénéfices records sur le dos des hommes et des femmes à qui on enjoignait de « servir la patrie » !
Enfin, parmi les victimes de cette guerre, se trouvaient aussi des soldats, des déserteurs et des pacifistes et antimilitaristes qui ont été incarcérés, fusillés, ou déportés.
Cette contre-commémoration était donc aussi une belle façon de leur rendre hommage !
Nous nous sommes retrouvé-es à une soixantaine sur une place proche de la cérémonie avec tracts, chants, des bandages ensanglantés, de superbes banderoles et notre éphémère Monument à la Vie, inspiré par le verso pacifiste du Monument aux Morts de Saint-Martin d’Estréaux (Loire).
La manif s’est ensuite rendue place de l’Hôtel de ville, d’où partait le défilé officiel (militaires, fanfares, embrigadés du SNU et des écoles, amateurs de militaria en famille). Nous l’avons intercepté à son départ, tout en entonnant « La chanson de Craonne », avant de le poursuivre jusqu’à la place Fourneyron où se trouve le Monument aux Morts de la ville.
Nous y avons été accueillis, sans trop de surprise, par un cordon policier. La critique de la guerre n’a de toute évidence pas sa place à la commémoration de la boucherie de 14-18.
Après avoir protesté et poussé de nouveaux chants antimilitaristes, nous avons tenté de contourner le cordon policier. Sans succès, hélas. Après de nouveaux slogans et de nouveaux chants contre l’État policier et la répression, la manif s’est dispersée un peu plus loin.
Notre cortège pacifiste constituait apparemment une menace aux yeux de tout ce beau monde !
Il faut dire que, comme nous l’avons signalé dans notre tract, la guerre fait toujours rage au Yémen, en Ukraine, ou à Gaza et que nous voyons aujourd’hui les États re-graisser leurs rouages « patriotiques », tandis que les industriels se relancent dans la production des armes !
Et, Saint-Étienne est une ville symbole du passage à l’économie de guerre militaro-sécuritaire. L’entreprise Verney-Carron-Lebel est en train de s’y agrandir pour fabriquer 100 000 « armes légères » par an pour la police, l’armée française et l’export.
La conclusion d’un contrat de 36 millions d’€ pour équiper l’armée ukrainienne de fusils d’assaut, de précision et de lance-grenades a permis à son PDG Hugo Brugière, de déclarer : « Je tiens… à exprimer ma profonde gratitude envers le ministère des Armées, le député de la Loire Quentin Bataillon, le député du Rhône Thomas Gassilloud, Président de la Commission de la défense nationale et des forces armées, la Direction générale de l’armement (DGA) et l’ensemble des services de l‘État qui ont contribué de manière significative à la conclusion de cet accord historique. Cette collaboration témoigne de l’engagement des sociétés Verney-Carron et Cybergun envers la sécurité internationale et la coopération entre les nations. » (Le Progrès du 6 novembre)
La joie et la force des chorales de lutte présentes (La Barricade et La Brailleuse de Saint-Étienne, La Ravachole de Montbrison et Les Canulars de Lyon), la présence des locaux, de lyonnais et de grenoblois, de jeunes et de vieux, les pancartes et banderoles bien senties ont transformé ce jour de commémoration militaro-politique en un chouette moment antimilitariste et collectif.
Espérons que cette première action symbolique fasse de nombreux petits partout et pas que le 11 novembre.
À bas les guerres, à bas le militarisme, à bas l’industrie de l’armement !
Contacts : cram42@proton.me ou craam@riseup.net